Je tiens dans mes mains un miroir. Il me montre le chemin parcouru. Il est jaune, comme dans le Magicien d’Oz.
Autour de lui, je vois des arbres, des fleurs orange et violettes. Elles sentent bon. Les mauvaises herbes ont laissé place à la vitalité, à la beauté.
J’aperçois des visages connus, à qui je ne parle plus. Le sourire sur leur visage me rassure. Il y a de la vie autour d’eux, leur vie. Certains ont le cœur blessé par moi, par les expériences. J’aimerais les prendre dans mes bras mais je ne dois pas. Peut-être qu’un jour, nous nous retrouverons côte à côte. Et d’un regard neuf, nous ferons connaissance.
Des animaux s’accouplent. Des papillons dansent. Il est beau mon monde, celui que j’ai crée.
Au milieu du chemin, je la reconnais. Elle s’avance vers moi. Je ne me retourne pas. Je ne suis pas Orphée. Elle pose sa main sur mon épaule et ses yeux croisent les miens. Je suis heureuse de te voir mémé. Elle saisit le miroir et le glisse dans ma poche. Je sens son parfum. Elle me chuchote à l’oreille « Regarde devant toi. ».
Les pavés jaunes sont nettoyés de toute impureté. Au loin, des ronces, la végétation prend beaucoup de place. J’aperçois un carrefour. Je dois m’approcher pour lire les pancartes. Impossible de bouger un orteil. De quoi ai-je peur ? Car j’ai peur. Je pleure. À sanglots. Je ne vois plus derrière moi. Je veux prendre le miroir mais il a disparu.
Le ciel se fait menaçant. Je dois m’abriter. Sur ma gauche, un arbre suffisamment grand pour m’offrir une protection. Mes pieds bougent. Est-ce le bon chemin ? Pourtant, je sors de celui qui est tracé. L’orage gronde. Je cours sous l’arbre. Je ne suis pas seule. Il y a une femme. Nous nous sourions. « On se connaît je crois… ? » « Oui… ». Elle me prend la main et ensemble, nous regardons la tempête laisser place au soleil.
Je vois son chemin. Il est bleu. Derrière les ronces de nos parcours respectifs, les deux couleurs se rejoignent. Je dépose un baiser sur sa main. Elle me sert dans ses bras. « A bientôt ».
Nous retournons sur nos chemins plus fortes de ce que nous venons de vivre. Le miroir a réapparu ; je le garde pour plus tard.
J’avance.
© Pauline Lacot
(août 2022)
Photographie : © Estelle Caumartin
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