LA PRESSE EN PARLE !
"Passeur de mots et d'histoires"
Installée à Niherne, Pauline Lacot est écrivian biographe. Elle prête sa plume aux personnes qui souhaitent laisser à leur famille une trace de leur vie.
Elle a intitulé sa petite entreprise "Feuillets d'âme". Car de ses dialogues "d'âme à âme" naissent des récits de vie qu'elle rassemble dans un livre. Un livre forcément unique, reflet d'une histoire personnelle qui ne lui appartient pas et qui n'a pas vocation à être exposée au grand public. Pauline Lacot est écrivain biographe.
"Je ne suis pas là pour juger."
Depuis 2020, cet ex-bibliothécaire à la Bibliothèque Départementale de l'Indre met son écriture au service des autres. "Je me considère comme un passeur de mots, d'histoires et d'émotions", résume la jeune femme installée à Niherne. Mon activité est différente de celle d'écrivains publics qui interviennent dans la rédaction des documents administratifs. Ce qui m'intéresse, c'est la transmission d'une histoire, d'évènements d'une vie."
Amoureuse des mots et des livres depuis son enfance, Pauline Lacot a profité du confinement pour réfléchir à ce destin qui l'appelait. "J'avais eu un déclic quelques années plus tôt, en parlant avec ma grand-mère Marguerite. C'était en 2015, au moment des attentats de Charlie Hebdo. Ce drame avait réveillé en elle des souvenirs douloureux de la Seconde Guerre Mondiale dont elle n'avait jamais parlé. Soudain, elle s'est mise à me les raconter. J'ai commencé, presque par réflexe, à prendre des notes avec mon téléphone portable car je n'avais rien d'autre sous la main."
Pauline n'aura pas le temps de dérouler le fil de cette histoire qui lui tient pourtant à coeur. "Ma grand-mère est décédée quelques mois plus tard. Je me suis dit : combien de familles ne reçoivent jamais cette transmission si importante, qui permet à chacun de savoir d'où il vient et ainsi de grandir ?". Après une formation au métier de biographe familial et à la psychogénéalogie, elle écrit sa première biographie en 2021. Une dizaine d'autres ont suivi depuis, y compris une "biographie de village" en cours de rédaction.
Cinq à dix heures d'entretiens pour un livre
Chaque livre commence par le recueil de la parole des personnes qui la sollicitent. Une étape essentielle à laquelle elle consacre cinq à dix heures. "Mon premier travail est d'être à l'écoute. Je ne suis pas là pour juger, pour dire si une vie a été meerveilleuse ou au contraire affreuse, mais pour recueillir tout ce qui peut l'être et aider les personnes , parfois, à comprendre leur propre histoire à travers leur récit." Pauline Lacot leur livre une "sorte de biographie romancée" où elle intègre aux souvenirs, des éléments contextuels du présent (la description d'un paysage, d'un intérieur, d'une émotion). "Je raconte à la première personne du singulier. Je deviens eux. J'utilise mes mots mais aussi leurs propres expressions, pour les raconter. C'est une peu comme s'ils découvraient le fil de leur vie travers un autre regard."
Quand vient le temps d'écrire les dernières lignes de la biographie, les plus âgés redoutent parfois "le point final" qu'ils assimilent à la fin de leur histoire. Mais tous "ressentent une certaine fierté, comme une consécration, quand ils tiennent leur livre entre les mains. Ensuite, il leur appartient de la partager ou non."
La Nouvelle République, Martine Roy - 11 janvier 2024 (jour de la Saint-Pauline)